Les voileux se transforment en routards

Le périple est terminé, 50.000kms en un an, Hervé repart vers l'Ouest américain avec d'autres français. Nous avons retrouvé notre bateau à Green Cove Springs et début mai nous voguerons vers les Bermudes avant de rejoindre Flores, première île de l'archipel des Açores. Le retour dans notre chère Bretagne est prévu vers le 15 août.

Adresse du blog bateau :
https://retourdegalbord.blogspot.com/

mardi 26 juin 2012

LES PROVINCES MARITIMES


                                                             LES PROVINCES MARITIMES :
                        NOUVEAU BRUNSWICK – ILE DU PRINCE EDOUARD – NOUVELLE ECOSSE

Manque Terre Neuve, mais nous ne sommes pas allés si haut.

Nous passons la « frontière » entre le Québec et le Nouveau Brunswick le 4 juin à Campbellton et tout de suite à l’office du tourisme on nous dit d’avancer nos montres d’une heure, nous changeons en effet de fuseau horaire et le décalage avec la France ne sera plus que de cinq heures.

Cette province est officiellement bilingue et au camp provincial de Sugarloaf nous sommes agréablement accueillis en français, mais en entendant notre hôtesse parler à son collègue en mélangeant l’anglais et le français, on croirait entendre les anciens de Trévignon mélanger le breton et la langue de Molière.
Nous sommes aussi ici en terre acadienne. Petit rappel historique : en 1632 une quarantaine de familles poitevines débarquent dans la baie de Fundy et y trouvent des terres fertiles. En 1755 l’Angleterre, qui avait récupéré auparavant les provinces maritimes,  expulse les acadiens de leurs terres, ce fut « Le Grand Dérangement ». 6000 d’entre eux seront prisonniers en Angleterre ou déportés en Nouvelle Angleterre. 2000 à 3000 autres se réfugièrent dans les tribus indiennes, sur les côtes du Nouveau Brunswick ou en Gaspésie. Aujourd’hui on en retrouve disséminés un peu partout dans ces provinces maritimes et bien qu’ils aient été « lâchés » à l’époque par la France, on éprouve quand même un certain pincement au cœur en voyant partout où ils résident arborer fièrement notre drapeau national, peindre en bleu, blanc, rouge la base de tous les poteaux électriques à la seule différence : ils ont mis une étoile jaune dans le bleu. Cela me permettra d’y trouver une plaque d’immatriculation tricolore à laquelle j’enlèverai l’étoile et que j’arbore sur mon pare-chocs avant puisqu’en Floride comme dans beaucoup d’autres états américains ou provinces canadiennes les voitures n’ont une plaque qu’à l’arrière, permettant ainsi de personnaliser l’emplacement  de l’avant.

 
Notre deuxième étape sera cette péninsule acadienne au nord-est, la région de Caraquet et des îles de l’Acadie. Sur la route côtière, nous constatons qu’il y a une grande différence avec le Québec, on sent le pays moins prospère à travers la campagne et l’habitat. J’apprendrai plus tard que cette province est l’une des plus pauvres, curieusement les villages acadiens sont plus coquets que leurs homologues anglophones, le propriétaire du camping de Caraquet me dira que la majorité des acadiens vivent de la mer, les anglophones de la terre et comme de ce côté-ci les terres sont relativement pauvres, ceci explique cela. Cette même personne me dira une formule choc, lui signalant une fuite d’eau importante et continue à un tuyau, il n’était pas surpris et ne s’est pas précipité pour la colmater, lui faisant remarquer qu’en France le coût de l’eau comprend la fourniture et son traitement une fois utilisée, il me dit : « le Canada est une terre d’opulence ». Apparemment,  à voir dans tous les campings les lumières des sanitaires tous allumés 24h/24, l’électricité est tout aussi opulente et bon marché !


Ici la flotte de pêche est impressionnante, surtout des caseyeurs et nous sommes en pleine période de pêche du homard, autant vous dire que nous en profitons allègrement . Il se vend à peu près 10 euros le kilo tout cuit ce qui est bien pratique pour nous. Par contre on trouve très peu de poissons frais, les phoques contribuant énormément à la raréfaction de la morue, on est loin des étals de nos poissonniers !


Après Caraquet et une visite aux îles Lamèque et Miscou reliées au continent par un pont, nous descendons plein sud par la « Route du Littoral Acadien ». Après Miramichi et un bref passage au Parc National Kouchibouguac nous repérons un peu plus bas un camping tenu par un français à St Edouard de Kent, celui-ci est marié à une acadienne et est aussi viticulteur…oui mais il fait un peu de vin de raisin et beaucoup de vin de fruits ( bleuets, sureau, fraise ) il nous organise une dégustation, mais on ne peut pas dire que ça nous emballe, tout est sucré même le vrai vin, il nous dit que cela correspond au goût nord-américain, on en est bien conscients et lui aussi puisqu’il présente à côté une collection de Cahors millésimé qu’on aurait préféré déguster.  Notre premier passage au Nouveau Brunswick sera bref puisque le lendemain nous décidons de nous rendre sur l’île du Prince Edouard.


Cette île est une province canadienne à part entière, on y accède par un pont de 12,9kms qui est le plus long du monde. Elle fait 280kms d’est en ouest et de 6 à 64kms du nord au sud, elle fut d’abord colonisée par les français en 1720 mais cédée aux anglais en 1758, autant dire qu’à part quelques villages acadiens, on n’y parle qu’anglais. L’agriculture y est très présente, les fermes sont de taille impressionnantes avec un énorme parc de tracteurs et engins agricoles car ici c’est le royaume de la pomme de terre, les meilleures du Canada ; sans doute est-ce dû  à une terre rouge et sablonneuse qui contient de l’oxyde de fer. Son autre ressource en plus du tourisme est la pêche, huit millions de kilos de homards y sont capturés chaque année !
C’est dans sa capitale, Charlottetown qu’en 1864, 23 délégués des provinces de l’Amérique du Nord britannique envisagèrent pour la première fois l’idée d’une confédération. D’où le nom du fameux pont d’accès : Pont de la Confédération.


Nous y resterons trois jours, ce sera surtout vous l’aurez deviné le littoral qui aura notre faveur, les petits ports de pêche aux cabanes colorées et la côte nord bien protégée des constructions par les parcs provinciaux, mais pas de l’érosion car ce grès rougeâtre se désagrège et les pins tombent les uns après les autres dans la mer. Par contre au nord-est, la péninsule de Greenwich appartenant aussi au parc national recèle une magnifique plage longue de 6kms derrière laquelle émerge une immense dune qui bien évidemment change de forme au gré des tempêtes hivernales
 
Nous quitterons cette île le 10 juin en fin d’après-midi, non pas par le fameux pont mais par un traversier nous amenant directement à Pictou en Nouvelle Ecosse, nous épargnant ainsi un détour de 200kms.


Après 1h15 de traversée nous débarquons au port de Caribou, tout près de Pictou où en 1773 une poignée d’écossais des Highlands débarquèrent de l’Hector dont une fidèle réplique est amarrée aux quais. Ici nous nous sentons un peu plus en territoire celtique et la ville affiche à chaque lampadaire les différents tartans des clans présents. Je ne sais pas si c’est mon Gwen Ha Du pendant à mon rétroviseur marquant ainsi mon appartenance au peuple celte, mais le propriétaire du camping local un certain Mac Donald m’annonce la gratuité de ma nuit, sympa la Nouvelle Ecosse !

Une réplique d'"Hector" est amarrée aux quais de Pictou

En fait, le but ultime de cette virée dans les Provinces Maritimes est l’île du Cap Breton, normal pour un breton. Et on ne sera pas déçus. Donc route dès le lendemain pour cette île séparée de sa province par le pont de Canso. Nous commençons notre visite par la côte ouest en suivant la « Ceilidh Trail », autrement dit la « route Gaélique », en fait comme en Bretagne chaque village a son nom écrit en anglais ou français pour les acadiens et en gaélique.


A partir de Chéticamp, bastion acadien, la route prend de la hauteur pour faire le tour de la partie nord de l’île. Elle se nomme « Cabot trail » en l’honneur de John Cabot, en réalité Giovanni Caboto, génois au service du roi d’Angleterre qui aurait découvert l’île en 1497. Cette route nous fait découvrir des panoramas exceptionnels, on monte et on descend de vallées en plateaux avec toujours le bleu de la mer en toile de fond, tout cela au sein d’un parc national, donc très protégé. Malgré tout, à part un orignal bien caché derrière des troncs de bouleaux, nous ne verrons pas d’autres animaux remarquables ; heureusement qu’on a fait le plein en Gaspésie. Le 13 juin nous atteindrons l’extrémité nord qui ne s’appelle pas Cap Breton mais Cape North, « déçus que nous sommes » ! Non je plaisante, cette péninsule est magnifique, on commence par le port de pêche de Bay St Lawrence étonnant abri  naturel et on continue une piste de terre jusqu’à Meat Cove d’où l’on surplombe les pêcheurs qui relèvent leurs casiers à homard dont les flotteurs et leurs bouts sont tellement denses que l’on se demande comment ils font pour les récupérer lorsque la mer est mauvaise.


La descente par la côte Est sera différente, le littoral est plus bas, les rochers plus ronds avec même des secteurs de granit rose. Nous atteindrons doucement le Lac Bras D’or, véritable mer intérieure de 1100km² qui communique avec l’Atlantique depuis le milieu du 19ème siècle par l’écluse et le canal de St Peters. Mais il y a un autre lieu incontournable, la forteresse de Louisbourg  au Sud-Est.

Le lac Bras d'Or à Baddeck

Si vous avez vu le film de Patrice Leconte « La veuve de St Pierre », vous aurez eu un aperçu de ce que les canadiens ont réhabilité, car ce film y a été tourné. La reconstruction a demandé 20 ans et a coûté 25 millions de dollars au gouvernement fédéral, le résultat est à la hauteur et nous français pouvons lui dire merci car c’est la reconstitution fidèle de ce qui fut sous Louis XIV et Louis XV la forteresse protégeant le troisième port de commerce de l’Amérique du Nord.


Ce fut la tête de pont en Amérique de la Nouvelle France, elle fut bâtie en 1713 et comptait 2000 habitants en 1744. Malheureusement nos ennemis héréditaires, la perfide Albion nous la ravirent en 1745 après 40 jours de siège et la rasèrent totalement. On mesure à sa juste valeur  le travail réalisé par le gouvernement canadien.


Ce ne sont pas simplement des fortifications de Vauban, mais un ensemble de maisons reconstituées fidèlement jusque dans leur intérieur et, un peu comme au Puy du Fou, les habitants de Louisbourg y travaillent la journée habillés en costume du 18ème siècle et reprenant les métiers de l’époque, ils répondent à vos questions comme si on était des visiteurs de 1744. On peut même y manger à l’hostellerie les plats de ces années- là.


Les soldats français en costume d’époque tirent au fusil et font tonner le canon avec les roulements de tambour appropriés, on s’y croirait.


La suite de notre virée dans cette province nous verra visiter la capitale, Halifax où les anglais avaient eux aussi construit une citadelle dès 1749, celle qu’on visite en est la quatrième version et était tellement bien fortifiée qu’elle ne fut jamais attaquée. Notre jour de visite coïncidait avec le 200ème anniversaire du conflit de 1812 avec les américains et on a eu droit à des salves de tirs et à midi au traditionnel coup de canon, dommage qu’il était chargé à blanc car il aurait pu démolir le peu esthétique building situé juste en face et qui enlaidit la vieille ville au demeurant malgré tout bien agréable.


A 35kms de là nous sommes très surpris de trouver un petit port bien entouré de rochers de granit ronds avec un phare lui aussi posé sur le granit, non ce n’est pas une réplique de Trévignon mais presque, il s’agit de Peggy’s Cove et sur le quai nous découvrons des pêcheurs affairés à découper un énorme thon, regardez les photos ! Plusieurs petits ports très sympathiques jalonnent cette côte atlantique très découpée avec des îles et des mouillages très abrités : Mahone Bay  et Lunenburg où la goélette Bluenose II se refait une santé, c’est un bateau emblématique qui figure sur les plaques d’immatriculation de Nouvelle Ecosse et sur les pièces de monnaie canadiennes de 10cents.

Peggy's Cove

Notre dernière escale dans cette province sera les Five Islands sur la côte sud de la baie de Fundy où les marées du monde ont la plus forte amplitude : 18m. Mais l’endroit le plus spectaculaire pour le constater se trouve de l’autre côté de la baie, au Nouveau Brunswick où nous arrivons le 21 juin.


Retour donc dans cette province par l’Ouest cette fois, tout près de Moncton où nous arrêtons pour voir le mascaret, on s’attendait à une vague similaire à celle que notre fils Yves surfe sur la Dordogne mais elle ne faisait que 30cms environ, assez étonnant quand même de voir cette vague précéder une montée très rapide de ces eaux boueuses de couleur ocre-rouge. A l’embouchure de cette rivière dans la baie de Fundy on trouve les « Hopewell Rocks » énormes stalagmites de grès rouge coiffées de conifères 18m plus haut dont on peut faire le tour à pied sec à marée basse et à marée haute en faire le tour en kayak.


Nous finirons cette virée dans les Provinces Maritimes par le parc national de la Baie de Fundy et le charmant petit port de Alma, marches et homard au programme, les marées y sont spectaculaires mais je dois avouer que celles dans l’Archipel de Chausey les valent largement. Ah ces bretons, on se demande parfois pourquoi ils voyagent… 

 
Voilà une nouvelle étape réalisée, nous repassons au Québec pour une quinzaine de jours avant de mettre cap à l’Ouest, Calgary plus précisément, au pied des Rocheuses canadiennes.                                                                                                              

mercredi 6 juin 2012

LE QUEBEC

                                                                        

Pour tout vous dire, cette province du Canada, avec New York, le parc du Yellowstone, le Colorado et la Californie était une des grandes étapes de notre virée en Amérique du nord. Après l’avoir parcouru pendant un mois et nous y repasserons en juillet, je peux vous dire que tant sur le plan humain que sur le plan des paysages, nous avons été gâtés.

Depuis les Antilles en bateau nous avons rencontré beaucoup de québécois ainsi qu’en camping-car aux USA et tous nous ont donné plus qu’envie de visiter ce pays où nous comptons tant de cousins. Mais d’abord quelques données : sa superficie est trois fois celle de la France pour 7,7 millions d’habitants dont presque la moitié vit dans la région de Montréal, cette région étant très excentrée puisqu’à l’extrême ouest de la province, touchant l’Ontario.
Le fait que nous nous trouvons dans un pays de langue française contribue aussi beaucoup à l’apprécier puisque nous pouvons communiquer normalement sans la barrière linguistique. Ensuite leur farouche résolution à défendre notre langue contre les anglicismes force notre admiration, nous qui employons ceux-ci sans presque nous en rendre compte, à commencer par moi-même plus haut en employant le terme de camping-car alors qu’ils nomment « motorisé » ce type de véhicule !
Nous l’abordons donc ce dimanche 6 mai au poste frontière de La Colle. Après quelques questions aux québécois rencontrés au camping de New York, nous nous attendions à une fouille en règle de notre véhicule, les denrées et la quantité d’alcool importées étant très limitées. C’est donc avec un certain soulagement que la douanière après quelques questions de sa guérite à moi, ma vitre ouverte, nous tamponna nos passeports en nous accordant un visa jusqu’au 31 août. La seule remarque fut l’ordre d’éteindre notre « cellulaire » lorsque notre ami Patrick nous appelait à cet instant précis.
Après la succession de forêts et de lacs du New Hampshire et du Vermont, nous trouvons ici au nord du lac Champlain une région très plate et très agricole qui continuera jusqu’à Montréal et donc les rives du Saint Laurent. Quel étonnement aussi pour ma part que le premier tracteur agricole vu sur la route fut un tracteur « Bélarus », tracteurs soviétiques que j’ai commercialisé en Bretagne pendant plus de vingt ans, et j’en verrai bien d’autres en allant plus vers l’est surtout en Gaspésie. Notre premier but étant de voir ce fleuve mythique, nous le rejoignons au village de Beauharnais et nous n’avons pas été déçus par sa grandeur qui ne fera pratiquement que croître au fur et à mesure que nous le descendrons.  
Nous avions prévenu Isabelle et Patrick de notre arrivée imminente et le coup de fil au poste frontière était pour nous inviter à leur rendre visite à leur maison de Notre Dame de l’île Perrot. Nous les avons connus à Georgetown aux Bahamas puis à Nassau pendant mon séjour hospitalier, ils étaient partis pour environ 6 mois avec leurs deux enfants de Floride et remontaient ensuite leur voilier au lac Champlain. Ce furent de chaleureuses retrouvailles avec un bon repas préparé par Patrick, nous avons pu stationner notre motorisé devant chez eux et profiter de leur salle de bains. Ce fut un moment trop court mais nous comptons bien passer les revoir en juillet.
Le lundi nous nous rendions à Montréal pour commencer notre visite et revoir notre nièce Ségolène qui y fait des études d’anthropologie. Après trois jours de visite, le bilan sera mitigé, il y a des quartiers intéressants, une vieille ville préservée malgré les buildings tout proches, mais surtout il y a le St Laurent majestueux avec les îles Ste Hélène et Notre Dame sur laquelle se déroule le GP de F1, et il y a le Mont Royal, colline boisée avec de beaux points de vue, rendez-vous de tous   les amateurs de marche, vélos et autres joggeurs, c’est le « Central Park » montréalais. Cependant on n’y a pas vraiment ressenti d’âme, les quartiers très différents se juxtaposent, mais il faudrait sûrement y vivre pour l’apprécier à sa juste valeur.

Isabelle et Patrick nous avaient prévenus : la langue officielle est le français mais dans le centre commercial on vous accueillerait presque par un « Hello » au lieu d’un « bonjour », on mesure ici le fait que les nouveaux immigrants sont plutôt de langue anglaise et l’Ontario est aussi très proche. A tel point que ayant épuisé nos livres nous entrions dans une grande librairie de la très commerçante rue Ste Catherine et quelle ne fut pas notre surprise d’y voir une pancarte signalant le rayon « livres en français » la partie réservée aux livres anglais étant considérée comme la norme. Je vous rassure quand même car ayant dit notre étonnement à l’office du tourisme la personne nous apprit que c’était la succursale d’une chaîne de librairies anglophones.

Ceci dit nous avons retrouvé des choses bien françaises, du bon pain, de vrais fromages et l’accent typiquement québécois avec des mots qui ont disparu depuis belle lurette de notre vocabulaire, leur manière de vivre évidemment beaucoup plus française qu’anglo-saxonne, le courant passe tout de suite ainsi que le tutoiement très similaire à nous bretons. C’est donc plus par les gens que nous apprécierons ce pays et le 10 mai nous mettions cap au nord, direction Mont Tremblant, plus précisément Lac Supérieur pour retrouver Diane et André rencontrés en Floride près de Daytona et avec qui le courant était tout de suite passé. 

André possède un terrain boisé en bordure de deux rivières avec une île au milieu qui l’occupe beaucoup, en attendant de pouvoir y accéder par un pont son beau-frère et lui  ont aménagé une ingénieuse tyrolienne, regardez là sur les photos. Nous y avons passé trois jours formidables à visiter, travailler à débroussailler ses chemins, heureusement qu’il avait du matériel Stihl que je vendais ! Diane et André, sa sœur Denise et Marc son mari nous ont accueillis « royalement » . On devrait les retrouver fin juillet dans les Rocheuses.

Une visite au Québec ne se conçoit pas sans une visite chez un récolteur de sucre d’érable. L’occasion faisant le larron, dans mon cas André m’ayant entendu évoquer un bruit de suspension, il téléphone à un de ses bons copains garagiste entre Montréal et Québec pour convenir d’un rendez-vous et par la même occasion me parler sucre puisque Jean Pierre c’est son nom en est aussi producteur.

Jean Pierre et Suzanne nous feront visiter leur érablière, leur cabane à sucre avec forces explications sur la récolte et la réalisation du sirop d’érable à partir de l’eau qu’ils recueillent de chaque arbre avec une canule et un seau. Jean Pierre a fabriqué une bonne partie de son matériel et n’était pas peu fier de nous montrer leur fonctionnement. Pour mieux comprendre la récolte et la réalisation du fameux nectar il nous invita à visionner un film tourné par sa fille expliquant cette récolte ainsi que la fameuse « tire sur glace » : on fait couler le sirop chaud sur la neige, au contact du froid il se solidifie donnant de vrais sucres d’orge, désolé, d’érable !

Après cet épisode retrouvailles ou connaissances, nous nous retrouvons tous les deux pour aller découvrir la ville de Québec. Tout le monde nous a prévenus, c’est  la plus belle ville d’Amérique du nord ! On est d’accord, enfin on trouve une ville qui a une âme, des vieilles pierres, des fortifications, un port, bâtie à un endroit stratégique puisqu’en algonquin Kebec  veut dire : là où la rivière se resserre. Et puis il y a le château Frontenac, il ne date que de 1893 mais s’intègre parfaitement dans la vieille ville entourée de remparts. Le tout est très harmonieux pour une ville bâtie à flanc de coteaux, on n’arrête pas de descendre et monter. Et ici tout le monde parle français ! A part les touristes américains et canadiens anglophones bien sûr.

On fera ensuite un passage aux chutes Montmorency à 12kms de Québec. Elles sont plus haute de 30m que celles du Niagara mais beaucoup moins larges, pour nous le must en la matière restera celles d’Iguaçu entre l’Argentine et le Brésil.

Mais le clou de cette région est le parc national de la Jacques Cartier. A quarante-cinq minutes  de la capitale de cette province on se retrouve dans une vallée que l’on peut remonter sur une trentaine de kms avec des paysages grandioses, on y a fait de très belles marches et du kayak, on n’a pas encore osé affronter les rapides. On a tout appris sur la vie du castor et c’est très intéressant de pouvoir les observer tranquillement dès six heures du soir, bien occupés à consolider leur barrage. On a aperçu furtivement un orignal, sorte de grand élan et observé de très près un porc-épic qui n’a rien à voir question taille avec notre hérisson. C’est ici que l’on commence à prendre la mesure des paysages grandioses qui nous attendent.
Vue d'ensemble de la Jacques Cartier depuis "Les Loups"
 
La route entre ce parc et Saguenay se résume à une grande montée et une grande descente à travers forets et lacs sur plus de 100kms, malheureusement nous le faisons dans la pluie et le brouillard ce qui nous empêche d’en profiter. Saguenay est la ville et la rivière qui y passe venant du lac St Jean et se jetant à Tadoussac dans le St Laurent porte le même nom. Nous décidons d’aller tout de suite sur la rive droite au parc national secteur Baie Eternité et là on peut dire que le paysage vous en met plein la vue, le Saguenay est un fjord très encaissé et les balades sont somptueuses, nous monterons au sentier de la vierge. En 1881 un marchand qui en hiver transportait des marchandises sur la glace du fleuve, vit celle-ci céder sous ses pas, il en réchappa miraculeusement et en remerciement fit élever une statue de la Vierge Marie sur un promontoire rocheux du cap Eternité. Depuis un sentier  avec de très beaux panoramas y mène. Passage également au joli port de l’anse St Jean.



Nous voulions voir le lac St Jean, véritable mer intérieure de plus de 1000km² mais à part quelques sites, l’intérêt est assez limité. On nous avait prévenu de nous méfier des moustiques surtout dans cette région et cela n’a pas manqué. La nuit précédent notre visite au parc de la pointe Taillon où nous avons fait 40kms à vélo fut un véritable cauchemar. Dans la soirée quelques bibittes comme disent les québécois étaient à l’intérieur du véhicule mais nous avions beau en tuer, il y en avait de plus en plus à tel point que nous n’avons pu dormir qu’une heure ou deux. Au petit matin j’ai découvert l’endroit par lequel ils rentraient : l’ouïe d’aération de la hotte de la gazinière, sans doute que les odeurs de cuisine les attiraient. Aussitôt colmatée, il n’y avait plus d’intrus mais un sacré tableau de chasse.



Nous regagnerons assez vite la rive gauche de la rivière Saguenay avec de jolis sites comme Sainte Rose du Nord ou la baie Sainte Marguerite où vivent de mai à octobre une grande quantité de belugas, malheureusement les glaces de l’hiver ont emporté le pont permettant d’y accéder. Nous continuerons donc la descente du fjord vers Tadoussac.



Jacques Cartier débarqua à Tadoussac en 1534 et ce fut le premier comptoir d’échanges de fourrures avec les Amérindiens. C’est aussi le meilleur endroit pour observer les baleines car il y a peu de fond au confluent et les courants font remonter les micro-organismes dont se nourrissent plancton et krill, nourriture des cétacés. Nous irons donc en bateau sur le fleuve approcher des belugas et des baleines, nous en verrons plusieurs mais avec mon petit appareil photo il est très difficile de les prendre au bon moment. Tadoussac est aussi un très beau petit village donnant sur une très belle baie.



Il était temps de gagner la rive droite du St Laurent, nous le faisons de St Siméon à Rivière du Loup avec un ferry, pardon un traversier ! Il nous permettra d’aller dormir au parc du Bic près de Rimouski avant de faire route vers la Gaspésie.



La Gaspésie est au Canada ce que la pointe du Finistère est à la France, à quelques degrés de latitude près elles se font face mais la comparaison s’arrête là. Ici tout est plus grand vous l’avez déjà compris et beaucoup plus sauvage. La pointe est préservée par un parc national : le parc de Forillon. Nous y passerons deux jours et deux nuits passionnants à faire de grandes marches et à observer les animaux de très près. L’ours noir y est très présent et on a eu le bonheur de le voir passer devant nous à 20 mètres, Annick était plus impressionnée que moi qui m’efforçait de prendre le maximum de photos.  Les panoramas sont encore une fois éblouissants, que rajouter, rien sinon que vous dire de regarder les photos.
  

De l’autre côté de la baie il y a une autre merveille : Percé et son fameux rocher…percé d’une arche qui s’effondrera un de ces jours mais pour l’instant elle fait le bonheur des photographes.



Notre premier passage au Québec  se terminera par la côte nord de la baie des Chaleurs ( !!!)  sans aucune comparaison avec ce que nous avons vu plus haut. Nous passerons au Nouveau Brunswick au fond de la baie à Campbellton commençant notre visite des « Provinces Maritimes ».
En conclusion, nous nous attendions à quelque chose de fort et cela a été très fort, tant au niveau humain que des paysages et de la faune. Le Québec est un pays à lui tout seul et on s’y sent comme chez soi.