Les voileux se transforment en routards

Le périple est terminé, 50.000kms en un an, Hervé repart vers l'Ouest américain avec d'autres français. Nous avons retrouvé notre bateau à Green Cove Springs et début mai nous voguerons vers les Bermudes avant de rejoindre Flores, première île de l'archipel des Açores. Le retour dans notre chère Bretagne est prévu vers le 15 août.

Adresse du blog bateau :
https://retourdegalbord.blogspot.com/

dimanche 21 avril 2013

MISSISSIPI - ALABAMA - RETOUR EN FLORIDE


Après la Louisiane, il nous reste à passer dans deux états ayant une petite partie de leur territoire baignant dans les eaux du Golfe du Mexique : le Mississipi et l’Alabama, avant de retrouver la Floride. Les paysages sont assez semblables et ressemblent à ceux rencontrés au Texas, des plages interminables de sable très fin et très blanc le long desquelles nous faisons des marches de plusieurs kilomètres.





 En longeant ainsi la mer, nous nous disons que bientôt nous y voguerons en direction de l'est. Dans notre tête le retour en bateau occupe nos pensées. Le camping car est vendu à un couple de français amis d'un bateau-copain ils en prendront possession vers le 20 avril et c'est une préoccupation de moins. Du coup nous temporisons et effectuons des sauts de puce d'un State Park à l'autre.

A Biloxi en Alabama nous assistons curieusement au sauvetage en mer d'un pick-up 4x4 qui se croyait sans doute amphibie! Assez incompréhensible.




Nous retrouvons la Floride le 14 mars à Pensacola, après une visite du musée de l'US Navy, nous allons passer quelques jours au Gulf Island National Seashore, c'est un National Park préservant l'extrémité de l'île de Santa Rosa, c'est très calme et on a la mer d'un côté avec ses vagues déferlantes et de l'autre le calme de la baie, malgré tout la passe est l'accès pour toute cette baie et de gros bateaux de commerce passent au ras du sable.




Toute cette région est sur la trajectoire habituelle des cyclones tropicaux et toutes les maisons du bord de mer se construisent sur pilotis, parfois à des hauteurs impressionnantes, il n'y a pas de règles architecturales strictes, on peut voir ainsi une maison ronde côtoyer une bien plus classique.



Il y a même des maisons renversées, extravagante Amérique. 




La bande côtière est évidemment très touristique, de nombreux immeubles et résidences sont construits au ras de l’eau, dans certains secteurs, malgré des enrochements la mer grignote le littoral et certaines maisons trop proches sont abandonnées. Par contre l’arrière-pays de toute cette partie de la Floride est couverte de bases militaires et nos nuits sont bercées par le bruit des pales des hélicoptères de combat en plein exercice.

Les « Snow-birds » autrement dit les habitants du nord du continent américain venant passer l’hiver au soleil du sud sont encore très présents, nous sommes également en période de vacances de Pâques et la fréquentation des State Parks est très forte nous obligeant pour la première fois à effectuer des réservations deux à trois jours à l’avance, du jamais vu.

Nous recommençons à rencontrer des québécois et c’est toujours un grand plaisir de pouvoir s’exprimer avec eux en français. Nous nous lions d’amitié avec quelques-uns que nous espérons bien revoir un jour en France.

Le dimanche de Pâques un dernier séjour au Stephen Foster State Park où une exposition de vieux tracteurs agricoles se prépare nous permet de constater une fois de plus la passion des américains pour tout ce qui est ancien. Nous avons même la surprise d’y voir un tracteur français, un Société Française Vierzon encore immatriculé dans le Loiret, on n’en voit quasiment plus en France, mon père m’en parlait beaucoup et il a fallu que je vienne aux USA pour voir mon premier exemplaire !





Le lendemain soir nous arrivions au chantier de Green Cove Springs, fini les vacances, il nous faut réviser Hervé et surtout préparer Retour de galbord pour la longue traversée qui l’attend.

Difficile à chaud de faire un bilan complet de ce périple, je le ferai cet hiver. Ceci dit c’est une expérience unique dans un continent où on ne peut appliquer que des superlatifs. Tout est grand, les plages, les forêts, les montagnes, les déserts, les villes. Les gens sont extrêmement gentils et prêts à vous rendre service. Les paysages sont grandioses, nos coups de cœur vont au Québec pour ses habitants bien sûr mais aussi sa nature forte et ses parcs nationaux, aux Rocheuses canadiennes, à l’île de Vancouver mais surtout aux parcs nationaux de l’Ouest américain dans lesquels j’inclue celui de Yellowstone et Grand Teton. Que de souvenirs, que de choses à raconter à nos petits enfants dans quelques années, mais c’est une étape, notre fils en est bien conscient puisqu’il nous a offert un livre au titre évocateur : « Il faudra repartir » de Nicolas Bouvier…

vendredi 15 mars 2013

LOUISIANE




Ce vendredi 1er mars, nous entrons dans cet état limitrophe du Texas. Ce devait être un temps fort de notre voyage retour vers le bateau et ce le sera, du fait de la présence française qu’on ressent encore dans le pays Cajun et du fait de la joyeuse Nouvelle Orléans, capitale de la fête aux USA.


Cet état est aujourd’hui au 33ème rang en superficie, c’est dire que son territoire s’est réduit comme une peau de chagrin puisqu’en 1682 René Robert Cavelier, sieur de la Salle descendit le Mississipi depuis les grands lacs et nomma toutes les régions traversées Louisiane en l’honneur de son souverain Louis XIV.  En 1718, avec la fondation de la Nouvelle Orléans, les immigrés français s’y installent bientôt rejoints par les acadiens dont je vous ai raconté l’histoire lors de notre passage aux Provinces maritimes. Le mot Cajun venant d’une déformation du mot acadien. Malheureusement pour la France, Napoléon vendit ce territoire aux américains en 1803 qui doublèrent d’un coup la superficie de leur territoire.

Ici, on ne parle plus de county (comté), équivalent de nos cantons, mais de parish (paroisse), c’est dire aussi de la différence existant avec les autres états. On retrouve ensuite les régions, nous ne visiterons que le pays cajun qui va de l’état du Texas au Mississipi, et la région de la Nouvelle Orléans qui va du Mississipi à l’état du même nom à l’est.

Avant d’y venir, on avait une image de marécages, de cours d’eau et du jazz à la Nouvelle Orléans, on ne se trompait pas beaucoup car l’eau y est omniprésente mais l’agriculture également avec le coton plus au nord, le riz et la canne à sucre dans le pays cajun. C’est donc dans ce paysage que nous commençons par un State Park à Lake Charles, il borde en effet un bayou (rivière à faible courant ou stagnante) qui alimente de nombreuses mares où pousse l’arbre emblématique de cet état : le cyprès chauve.


Cependant, l’immersion véritable en pays cajun commencera à Eunice. Tous les samedi soir en effet s’y déroule un concert de musique cajun (violon, triangle, guimbarde et accordéon) et zydeco plus rythth’n’blues avec guitare, batterie, cuivres et piano. Manque de chance, ce soir-là c’était soirée country, on a quand même passé un bon moment.


 De plus étant en pleine région de production d’écrevisses, on en profita pour s’en faire une orgie au resto d’à côté : 3 livres chacun pour un peu plus de 10 euros !


Ici les écrevisses sont une culture complémentaire du riz, c’est très étonnant. La région étant très plate et les terres n’absorbant pas l’eau, les champs sont inondés après la récolte de riz et ensemencés de naissain d’écrevisses qui grandiront en se nourrissant des résidus de riz, elles seront à maturité en mars-avril. La production est conséquente pour cette région et on en trouve en vente partout.

Route ensuite vers la capitale de cette région : Lafayette où une antenne des National Park présente une très belle reconstitution historique des Acadiens, leur vie de tous les jours avec des panneaux en français et un très beau film retraçant leur exil.

 Nous y ferons aussi connaissance d’un couple de québécois très sympathiques, Claudie et Jean qui sont déjà venus à Concarneau voir Claude Michel notre chanteuse locale qui avait donné un concert dans leur localité du bord du St Laurent. Le courant passa naturellement très bien et nous nous retrouverons le soir même pour dîner et écouter de la musique cajun et zydeco cette fois.


Retour en pleine nature à Pont Breaux au lac Martin où nous retrouvons les alligators abandonnés l’année passée en Floride ainsi qu’une foule d’aigrettes et de spatules roses perchées dans les arbres baignant dans l’eau, les fameux cyprès chauve.



Passage ensuite à St Martinville au bord du bayou Teche patrie d’Evangéline, d’après le très célèbre roman d’Henry Longfellow, elle retrouva son amour Gabriel au pied du chêne deuxième plus vieux d’Amérique après leur séparation de trois ans due au Grand Dérangement, malheureusement il était atteint de la lèpre et décéda dans ses bras, plus romantique tu meurs !


L’église est une des plus anciennes de Louisiane (1765) et oh surprise, un de ses premiers curés était né à Pontivy. La Bretagne se retrouve partout.


Nous traverserons ensuite une région où la culture de la canne à sucre est omniprésente, malheureusement pour nous qui n’avons plus de rhum antillais pour nos ti-punch, ils n’en produisent pas. On doit se contenter du médiocre rhum porto-ricain.

La région de la Nouvelle Orléans est elle aussi baignée par les eaux puisque le Mississipi la traverse avant de se jeter par un delta dans le Golfe du Mexique, son port se classe parmi les dix plus importants au monde, c’est dire l’importance de cette voie navigable. Un immense plan d’eau, le lac Pontchartrain borde la ville au nord et malheureusement les levées qui étaient censées protéger les zones habitées ne furent pas assez fortes en 2005 lors du cyclone Katrina et c’est cette partie de la ville, en fait les quartiers pauvres qui furent sinistrés. On voit maintenant qu’elles ont été renforcées, bétonnées avec d’énormes portes étanches, ouvrages impressionnants.


Malgré tout, la bonne humeur règne ici et la musique est omniprésente dans le quartier français et les alentours, le jazz y est né, son carnaval y est aussi couru que celui de Venise ou de Rio et tous les prétextes sont bons pour faire la fête, lors de notre passage les irlandais fêtaient la St Patrick avec 10 jours d’avance et la bière coulait à flot.


Dans ce French Quarter, on se croirait arrivé dans certains quartiers des Antilles ou de La Havane tellement les créoles et les espagnols ont imprimé leur marque. 



On a pu ressentir l’histoire et une partie de l’âme de cette ville grâce à une visite guidée en français retraçant l’histoire d’une riche famille créole, les Duparc-Locoul originaires de Normandie et du Médoc, possédant la célèbre plantation Laura et des maisons en ville avec des patios très agréables qu’on a pu visiter.




Bien évidemment, la langue française a pratiquement disparu. On la retrouve sur les panneaux des rues et les noms de villages et lieux-dits. Malgré tout beaucoup de gens d’un certain âge parlent encore français en pays cajun et des associations comme le Codofil à Lafayette s’efforcent de le perpétuer. La devise de cette région est : « Laisse les bons temps rouler » et on y adhère pleinement.


jeudi 28 février 2013

TEXAS


Tout de suite après avoir quitté le très beau Carlsbad Caverns National Park nous changions d’état ce jeudi 14 février. En effet le Guadalupe Mountains National Park est presque contigüe au précédent, mais se trouve non plus au Nouveau Mexique mais au Texas.


Après l’Alaska, cet état est le plus grand des Etats Unis avec 696.241km², plus grand donc que la France, après la Californie c’est le deuxième en population avec un peu plus de 25 millions d’habitants, 80% de ceux-ci vivant en ville cela vous donne une idée de la faible densité des campagnes. Nous ne visiterons que la partie ouest, désertique, et la côte du Golfe du Mexique avec des centaines de kilomètres de plages au sable fin formant un immense cordon dunaire derrière lequel on retrouve des zones marécageuses et comme le long de la côte atlantique, l’Intracoastal Waterway.

Nous passerons très rapidement au Guadalupe Mountains Park car la route est longue pour rejoindre le Big Bend National Park, principal but de ce passage dans cet état. Le soir même nous serons à Fort Davis, 365 kms plus au sud.


Cette petite ville a deux particularités, la première est la présence d’un fort datant de 1854 qui fut établi afin de sécuriser la route du sud-ouest vers la Californie, la deuxième est la présence de l’observatoire Mc Donald de l’université du Texas installé dans cette zone non polluée par des lumières d’activités humaines. Nous aurons de la chance d’y être un vendredi, jour où les astronomes reçoivent le public et vulgarisent le ciel dès la nuit…et le froid tombé. On est en effet en altitude et à 8h du soir les températures seront déjà négatives, malgré tout ce seront des explications très intéressantes sur les astres et nous verrons la Lune et Jupiter au télescope.


Le lendemain nous atteindrons la frontière mexicaine et le Rio Grande au Big Bend N.P., c’est un parc très étendu et nous y ferons trois stations, deux au bord de l’eau et une à 1646m d’altitude au Chisos Basin. Nous étions très curieux de voir ce fleuve mythique qui fait la frontière entre ces deux états sur plus de 2000kms. Nous fûmes surpris par son très faible débit à cet endroit mais aussi par la profondeur des canyons qu’il a creusés, surtout le Santa Elena Canyon.


Sur la route y menant, comme en Arizona, les patrouilles de garde-frontières sont omniprésentes et les postes de contrôle très nombreux ; il faut dire que ce Rio Grande se traverse à pied sans problème. Nous serons quand même assez étonnés de voir le long des balades de multiples colifichets posés sur des pierres ou à même le sol avec un prix et une boîte plastique servant à mettre l’argent. En y regardant de plus près on distingue sur l’autre rive des mexicains sous un arbre qui de temps en temps traversent pour venir recueillir l’argent. Cela semble toléré par les autorités du parc malgré les nombreux panneaux l’interdisant.


A la différence de Fort Davis les températures, désert oblige, seront estivales la journée et printanière la nuit. Nous y ferons connaissance d’un couple d’allemands originaires d’Hofgeismar, ville jumelée avec Pont Aven, qui voyagent à bord d’un camion Mercedes 4x4 de l’armée allemande reconverti en camping-car. Ce sont aussi d’anciens navigateurs, ayant acheté et aménagé un catamaran en Australie, le courant bien évidemment passa très bien.


Le Rio Grande a un gros affluent : la Pecos River, nous retrouvons ces deux cours d’eau au Amistad National Recreation Area tout près de la ville de Del Rio après 360kms de route à travers des paysages désertiques. Le barrage d’Amistad fut inauguré par Nixon et Diaz Ortaz pour le Mexique en 1969, il mesure 9,75kms de long et 77m de haut, son volume de stockage est de plus de 6827 millions de m3, lors de notre passage, le niveau était très bas.


La seule grande ville texane que nous visiterons est San Antonio et surtout son centre avec ce qui reste du fameux Fort Alamo où s’illustra Davy Crockett, rappelant que toute cette région était mexicaine auparavant. Un curieux canal serpente dans le centre-ville, lui donnant un petit air de Venise américaine bien sûr.


Nous rencontrerons peu après autour de Three Rivers une intense activité pétrolière et gazière, notre camp sera ce soir-là entouré de torchères illuminant la nuit.

Nous retrouverons le grand large juste au-dessous de Corpus Christi au Padre Island National Seashore, dernier parc national que nous visiterons durant cette année de voyage. C’est le paradis des oiseaux et il se poursuit sur près de 100kms vers le sud-ouest vers l’embouchure du Rio Grande.


Ce sera ensuite une remontée par étapes en bordure du littoral nous voyant camper parfois même directement sur la plage à 50 mètres de l’eau, heureusement que les marées sont ici insignifiantes.


Plus on se rapprochera de Houston, plus la présence pétrolière se fera sentir, d’abord des raffineries puis un incessant trafic de camions citernes et de pétroliers venant charger leur cargaison, puis de champs de « Pumpjacks » avec leur incessant mouvement va et vient de pompage. Ces parcelles alternant ou cohabitant avec d’immenses pâtures où engraissent de nombreux bovins dont le Texas est un grand producteur.


Pendant ces quinze jours de traversée de ce grand état on aura constaté que le temps change très vite, hier on avait 25° et aujourd’hui 15°, il est vrai qu’on est encore en hiver et que les nuits restent très fraîches, 4° toute cette semaine. Espérons qu’en passant en Louisiane et se rapprochant de la Floride, les températures remonteront. Au moins l’ambiance cajun et sa cuisine épicée risque de nous réchauffer.

mardi 19 février 2013

RETOUR EN CALIFORNIE – ARIZONA ET NOUVEAU MEXIQUE



Après trois mois passés en Bretagne qui nous ont permis de retrouver amis, parents, nos enfants et petits-enfants dont le tout dernier Yodhrann, âgé de six mois à notre arrivée et que nous connaissons enfin, il nous faut repartir vers notre petit « Hervé » à Los Angeles et finir ce tour d’Amérique du nord entamé voici un an.

Départ de Roissy ce lundi 4 février avec la compagnie Icelandair qui va nous faire survoler le grand nord. Au survol de la Picardie nous pourrons admirer la baie de Somme à marée basse, magnifique. Du Royaume Uni nous distinguerons la campagne anglaise puis quelques Highlands écossais avant que la couche nuageuse arrive, notre atterrissage à Keflavik l’aéroport de Reykjavik se fera avec un plafond très bas nous laissant découvrir le paysage enneigé qu’au dernier moment. Décollage pour Seattle une heure plus tard avec le même type de temps, les nuages disparaîtront au-dessus du Groenland nous laissant voir des immensités enneigées. Viendra ensuite la banquise du passage du nord-ouest avec ses multiples crevasses dans la glace, la côte du Labrador puis du grand nord du Québec, la baie d’Hudson puis le Nunavut et les Territoires du Nord-ouest, immensités enneigées avec une multitude de lacs et cours d’eau tous gelés et craquelés. Survol ensuite de l’Alberta et des Rocheuses que nous avions visité au mois d’août avant de descendre sur Seattle avec une vue magnifique de la Cascade Range et du Mont Rainier. Un superbe vol nous permettant de découvrir d’en haut des contrées quasiment inaccessibles.

Nous craignions le passage de l’immigration à Seattle au vu de celui que nous avions subi fin août avec Hervé à Blaine. Nous avions tort de nous en faire, après deux ou trois questions sur notre voyage assez singulier il est vrai, l’officier nous apposait sur le passeport l’autorisation de six mois supplémentaires sur le sol américain. Décollage à nouveau pour L.A. et vol de nuit ce coup-ci, heureusement une chambre d’hôtel était réservée tout près de l’aéroport. Le lendemain matin nous retrouvions notre fidèle Roadtrek comme nous l’avions laissé et filions de suite plein sud au State Beach de San Clemente.



 Cela fait du bien de retrouver le Pacifique, les longues plages où s’éclatent les surfeurs et des températures printanières. Nous descendrons ensuite en deux étapes jusqu’à San Diego avec une visite du Cabrillo National Monument situé sur une presqu’île protégeant la fameuse baie de San Diego de la longue houle du Pacifique, on s’explique ainsi pourquoi plusieurs éditions de la Coupe de l’America s’y déroulèrent. Ce promontoire domine la ville et est le siège avec l’île de Coronado de nombreuses installations militaires, un impressionnant cimetière militaire dédié aux victimes de la guerre du Pacifique y couvre également une bonne partie.



Malheureusement, un temps à grains sévissait ce jour-là et ne nous incitait pas à musarder. Après un rapide détour par le port où se tient un musée maritime, et dans la vieille ville de San Diego très mexicaine, nous décidons de gagner l’intérieur des terres en direction de l’est.


 C’était sans compter avec le relief qui transforma vite la pluie en neige et nous obligea à trouver un camp à mi montée, reportant sagement au lendemain la découverte d’autres horizons. Nous nous réveillons avec un grand ciel bleu qui nous permet de reprendre la route, par contre notre virée prévue vers le Anza Borrego Desert SP est impossible, la route y allant nécessitant des chaînes, nous poursuivons donc en direction de l’Arizona. Après le col, les paysages enneigés feront place aux plaines désertiques de cette partie de la Californie, même paysage en Arizona, le temps est magnifique mais assez frais. Première étape dans cet état à Ajo en direction du National Park « Organ Pipe Cactus » à la frontière mexicaine.


Nous sommes un peu surpris de voir des contrôles d’immigration sur cette route, mais ils n’arrêtent que les véhicules en provenance de la direction de la frontière, ce sera notre tour au retour ; les infrastructures de cette police des frontières sont impressionnantes de par le nombre de véhicules, on en trouve stationnés au bord de la route tous les dix kilomètres environ et des hélicoptères font régulièrement leur ronde, difficile d’immigrer clandestinement ou de passer de la drogue.

Ce National Park nous permettra de connaître les différents types de cactus et de plantes du désert, malheureusement on est trop tôt en saison pour admirer leur floraison. Un grand trail en voiture permet de s’enfoncer dans les Diablo Mountains et une bonne balade à pied nous mènera à une ancienne mine. Ces campgrounds n’ont pas d’électricité pour notre chauffage d’appoint et la nuit à 0° nous verra bien emmitouflés sous double épaisseur de couette.



Nous rallierons ensuite Tucson, la pluie recouvrant de neige toutes les montagnes environnantes, du coup vu le temps, cap vers le Nouveau Mexique sous un grand ciel bleu retrouvé. Une grande étape autoroutière de 368 miles (600kms) parmi le même paysage désertique nous mènera dans la vallée de lancement de missiles de White Sands où se trouve aussi une curiosité minérale, un désert de sable de gypse avec des dunes d’un blanc immaculé, on se croirait vraiment dans de la neige si ce n’était la consistance et la température bien différente. Un spectacle très étonnant où les enfants peuvent dévaler les pentes avec des luges en plastique.



Notre parcours d’ouest en est nous fait passer une alternance de grandes plaines désertiques séparées par des chaînes montagneuses plus ou moins élevées d’orientation nord sud et c’est avec une certaine surprise qu’en quittant cette vallée, n’arrêtant pas de prendre de l’altitude, nous retrouvons la neige et même une station de sports d’hiver à 8650 pieds (2636 mètres) à Cloudcroft. De l’autre côté, nous retrouvons des collines puis des plaines désertiques avant de retrouver les puits de pétrole, quittés en Alberta, dans la plaine de Carlsbad.


Cette région est très calcaire et connue également pour ses cavernes. Les plus belles sont protégées et magnifiquement organisées dans le Carlsbad Caverns National Park que nous visitons ce 14 février. Nous avions déjà arpenté ce style de caverne dans le Chiapada Diamantina au Brésil (voir le blog de Retour de galbord), mais ici tout est fait à l’américaine avec une organisation sans faute. Descente goudronnée bordée de murets de pierre avec rambarde continue en inox des deux côtés, éclairage par spots mettant magnifiquement en valeur ces merveilles de la nature…et même un double ascenseur pour descendre ou monter les 300 mètres de profondeur. Ceci dit, la vision de cette succession de salles souterraines est de toute beauté avec moult panneaux explicatifs, il nous faudra deux heures pour arpenter les 3, 5kms de ces allées. Les photos vous en diront plus.


C’est ici que nous quittons le Nouveau Mexique pour entrer au Texas, le plus grand des états américains après l’Alaska, nous vous raconterons cela plus tard.

vendredi 26 octobre 2012

CALIFORNIE


                               CALIFORNIE : DE LA SIERRA NEVADA A LOS ANGELES

Avant de poursuivre le récit de notre voyage, quelques généralités s’imposent sur cet état, le plus peuplé avec 38 millions d’habitants (12,2% de la population américaine) dont 46% parlent l’espagnol. Il est vrai que les américains l’ont ravi au Mexique en 1848 et que depuis, progressivement, sans verser de sang, de par leur démographie, les mexicains se réapproprient leur territoire perdu. De fait les latinos constituent et de loin la main d’œuvre indispensable à l’agriculture de cet état qui en a fortement besoin pour ses cultures de fruits et légumes qui inondent le continent nord- américain. Du point de vue superficie, avec 424000km² il se place au 3ème rang derrière le Texas et l’Alaska. Vous l’aurez compris, c’est un pays à lui tout seul.



Ce jeudi 27 septembre, après avoir franchi la Tioga Pass, nous quittions la Sierra Nevada par l’est pour descendre sur Lee Vining. Cette bourgade de 400 habitants est située au bord du Mono Lake,  ce lac a la particularité d’avoir des concrétions calcaires vieilles de 13000 ans qui apparaissent sur ces rives au fur et à mesure que son niveau baisse. En effet les besoins en eau douce de toute la région de Los Angeles sont énormes et les sources alimentant ce lac ont été détournées. On visite donc ses rives où se dressent dans et hors de l’eau des aiguilles de calcaire.



La remontée plein nord se fait dans un paysage désertique de monts pelés sous le soleil implacable, on repasse au Nevada en longeant le lac Topaz presque à sec avant d’arriver à Gardnerville au pied à nouveau de la Sierra Nevada et de ses stations de ski réputées. Après avoir franchi le col Daggett Pass à 2400m, le paysage change totalement, tout est vert, des forêts de conifères partout et au milieu de tout cela un lac aux eaux d’un bleu resplendissant : le lac Tahoe, quel contraste !


Ce lac est à 1867m d’altitude, il est à cheval entre Nevada à l’est et Californie à l’ouest, sa circonférence est de 116kms, l’été il y fait 20° en moyenne d’où l’attraction qu’il exerce sur la population des plaines alentour où la chaleur est torride. Nous y passerons trois jours très reposants avant de redescendre côté ouest par la vallée de la Truckee River vers la capitale californienne qu’est Sacramento.


Nous y retrouvons la chaleur (35°) et après la visite du Old Sacramento très bien conservé avec l’image que l’on se fait des villes de l’époque de la ruée vers l’or, il y a même des locomotives de la conquête de l’ouest, nous aussi nous mettons cap à l’ouest faire un petit clin d’œil à la Napa et Sonoma Valley. Visite rapide aux plus célèbres vignobles californiens dont la propriété de Robert Mondavi qui produit le fameux Opus One à Oakville. Les français sont aussi présents tel Moët et Chandon avec sa filiale Chandon qui y produit des vins pétillants.


Mais comme vous pouvez vous en douter la mer nous manque et dans ces vallées on la sent de l’autre côté des derniers monts. Nous retrouverons l’océan Pacifique par la Russian Valley à Jenner. Quel bonheur de sentir l’air humide et iodé, de reprendre une petite laine pour se protéger du vent ; si ce n’est les immenses champs d’algues : le kelp,  au vu de cette côte du nord de San Francisco, pointes, îlots rocheux, criques, belles plages à surf, on se croirait en presqu’île de Quiberon où à Belle Ile en Mer.


Nous serons encore plus charmés par notre escale à Bodega Bay, magnifique plan d’eau très abrité par une pointe d’où l’on peut apercevoir les baleines lors de leur migration saisonnière. On y est aussi surpris par les beuglements incessants des otaries se prélassant sur les cailloux à la sortie de cette baie et dont quelques spécimens se montrent dans le port devant notre véhicule où nous avons trouvé une place au bord de l’eau, le bonheur ! Cet endroit est aussi très célèbre car Alfred Hitchcock y a tourné le film « Les oiseaux ». Nous y resterons deux jours et serons très étonnés de voir la taille stupéfiante des coquilles d’ormeaux ou abalones avec lesquelles les gens décorent leur jardin ou leur clôture, les plus petites mesurent bien 30cms et il y en a partout.


Dorénavant nous ne quitterons plus cette côte jusqu’à Los Angeles, après une visite au Point Reyes National Park,  au phare et à la pointe du même nom , nous arriverons devant la baie de San Francisco et son célèbre Golden Gate Bridge le 5 octobre au matin.


Le soleil est resplendissant après deux jours de temps gris et nous pouvons admirer les couleurs orange du fameux pont pour une fois privé de brouillard. Nous empruntons l’une de ses trois voies vers le sud, trop rapidement car la circulation est assez dense alors que nous voulons admirer la baie d’un côté et l’océan de l’autre, après avoir payé nos 6 dollars de péage nous nous garons à sa sortie et marchons pour profiter de la vue magnifique. Il date de 1937 et mesure 2737m, chaque semaine 25 peintres utilisent 2 tonnes de minium pour l’entretenir, pendant les grosses tempêtes il peut osciller de 7m, un bel ouvrage.


Nous abordons la ville par…le port, vous l’avez deviné et tout de suite on remarque les oriflammes de la Coupe de l’America, sans le savoir on se retrouve au moment des séries qualificatives et on n’est pas peu fiers de voir le drapeau de « Team Energy » de Loïck Peyron notre représentant. Un peu plus loin les pelouses du front de mer sont envahies par des militaires avec stands et barnums, pas de doute un évènement se prépare, il est vrai que nous sommes vendredi et que le lundi suivant est un jour férié : le Columbus Day, commémoration de la découverte de l’Amérique par Christophe Colomb, il va y avoir du spectacle. Ayant une adresse au sud de la ville pour garer 3 jours Hervé, nous la traversons et y revenons en métro.


San Francisco est vraiment une ville à part. On a tous en tête des images : la porte de l’or (Golden Gate) du temps de la ruée vers l’ouest, Jack London et Kerouac de la Beat Generation, le phénomène Hippy, Bullit et sa poursuite en voiture, la faille de San Andreas et l’attente du Big One, on avait donc hâte d’y venir et elle ne nous a pas déçue. Elle restera avec New York et Québec, dans des registres différents, une des villes où l’on se sera senti à l’aise et curieux de découvrir, est-ce un hasard si ces trois villes ont un port ?

Vous le savez tous depuis le film avec Steve Mc Queen, la ville est bâtie sur une colline et les rues descendent très rapidement vers la baie, coupées à angle droit par d’autres ce qui donne des carrefours en dos d’âne très spectaculaires surtout lorsque qu’on emprunte les Cable Cars. Ces sortes de tramway sont tractés sur des rails par un câble d’acier sans fin inséré dans la chaussée, le conducteur n’a plus qu’à le pincer pour avancer, le freinage étant assuré à l’arrière par le préposé aux tickets, c’est très spectaculaire de dévaler ainsi certaines pentes atteignant 21%.


Le centre-ville ressemble à celui des grandes métropoles américaines, Downtown rassemble les boutiques de toutes les grandes marques planétaires ainsi que les bons restaurants et Financial District dresse ses buildings vers les étoiles…Chinatown y est comme à chaque fois très animé, la jeunesse branchée a pris la place des hippies à Haight-Ashbury et la population gay se concentre à Castro.


Le grand port de commerce s’étant déplacé de l’autre côté de la baie, tous les quais et les « Piers » ont été réhabilités avec une orientation malheureusement très commerciale et attrape-touriste, ils ont même condamné un ponton complet pour le laisser entièrement libre aux otaries, faisant ainsi le bonheur des photographes à commencer par nous-mêmes. Plus vers l’ouest le fort Mason, base militaire reconvertie en logements, boutiques d’art et autres, assure la transition avec les pelouses du Marina Boulevard et le port de plaisance.


Ce samedi 6 et dimanche 7 octobre, non seulement une foule considérable s’est déplacée un peu pour la coupe de l’América,  mais surtout pour la parade aérienne autant civile que militaire qui se déroule dans les airs. Pendant que nous admirerons les régates des formidables catamarans et le chavirage spectaculaire du favori américain Oracle (voir photos), nous aurons les tympans saturés par le vacarme de tout ce qui peut voler aux USA. Nous aurons le droit aux cascades de biplans, au passage du dernier gros Boeing, de l’avion furtif de l’armée de l’air mais surtout aux passages à très basse altitude des chasseurs des Blue Angels, l’équivalent de notre Patrouille de France, le tout était spectaculaire mais assourdissant, contrastant quelque peu avec le déplacement sur l’eau des voiliers de la Coupe.


Nous ferons également une grande balade à pied le long de la côte Pacifique à partir de Cliff House longeant le goulet que surplombe le Golden Gate Bridge mais ce jour-là le haut des piles était dans les nuages.


La descente vers Los Angeles nous prendra deux semaines en profitant vraiment de la côte et du beau temps, malheureusement l’eau est trop froide pour s’y baigner, ce qui explique l’omniprésence des otaries et phoques. Nous serons aussi très étonnés de voir les cultures fruitières et légumières, surtout de fraises à cette période avec des tracteurs énormes sur chenilles caoutchouc préparant en un seul passage les sillons intégrant l’arrosage goutte à goutte pour la saison à venir ; tout à côté des dizaines et des dizaines de latinos sont courbés pour récupérer les fraises arrivées à maturité, les disposant sur place dans les barquettes transparentes qu’on achète au magasin et, pour qu’ils ne perdent pas de temps, des toilettes mobiles multicolores sont placées sur des remorques qu’ils déplacent au fur et à mesure de la récolte.


Nous arriverons ainsi à Santa Cruz, spot incontournable des surfeurs qui y ont leur musée, avant d’arriver à la station balnéaire de Monterey. Il s’agit d’une péninsule marquant une frontière naturelle entre les longues plages du nord et les falaises célèbres de Big Sur au sud, c’est le royaume de la jet-set, avec somptueuses villas en bord de mer, golfs, route à péage (10 dollars) de 17 miles de Pacific Grove à Carmel dont Clint Eastood fut le maire. Nous la ferons à vélo, c’est gratuit ! Mais ceux qui l’empruntent en voiture n’en ont pas pour leurs sous.


La poursuite de la Highway 1 par Big Sur est très spectaculaire, la route tourne et vire à flanc de falaise dans une nature sauvage et préservée, on y retrouve des séquoias et en mer de grands champs de kelp. C’est là qu’Henry Miller se réfugia en 1947 pour fuir la société de consommation américaine qu’il détestait.


Nous retrouverons les grandes plages de sable à Pismo Beach et au charmant port de Morro Bay au rocher si spectaculaire.


Petite incursion dans les terres à Lompoc pour visiter la première mission franciscaine de « La Purisma » datant de 1787 ayant abrité jusqu’à un millier d’indiens Chumashs.


Plus nous nous rapprochons de Los Angeles, plus les noms nous rappellent le cinéma ou la télé, ainsi Santa Barbara joli station balnéaire où vivent de nombreuses stars et où nous rencontrons un breton. Un Lorientais tient en effet une crêperie en plein centre : Pacific Crêpes, Yvan était content de parler du pays, il y est depuis une quinzaine d’années et les affaires marchent bien, par contre il se verrait bien acheter une maison de vacances en Floride près de Naples car l’immobilier en Californie est hors de prix.


Au large nous distinguons l’archipel des Channel Islands qui sont un National Park donc très sauvages, on ne peut y séjourner qu’en emportant sa tente et sa nourriture, dommage que nous ne sommes pas équipés, une autre île plus au sud en face de Los Angeles est elle très touristique, il s’agit de Catalina Island. Dommage que notre bateau soit en Floride, nous aurions bien aimé visiter toutes ces îles. Devant ces îles on voit aussi au large beaucoup de plates-formes pétrolières qui malheureusement rejettent des résidus que l’on retrouve sur les plages sous forme de goudron.

Plus bas, dès Ventura et Oxnard, nous sommes quasiment dans la banlieue de L. A. alors qu’on est à quasiment 100kms du centre, cette ville est immense, plus de dix millions d’habitants avec ses cités périphériques, par contre à part les tours de Downtown et le centre, la ville est très aérée et les maisons excèdent rarement plus d’un étage. La conséquence en est des temps de trajets très longs en transports en commun surtout que nous avons préféré laisser Hervé sur une aire de stockage de bateaux et R.V. à Marina del Rey tout près de l’océan et de l’immense plage qui va de Santa Monica à Long Beach en passant par le quartier voisin de Venice.


L.A. n’est pas vraiment au bord de la mer, le centre en est distant d’une dizaine de kms et est entourée de monts dont le plus célèbre arbore en lettres blanches le fameux H O L L Y W O O D. Nous ne manquerons évidemment pas d’arpenter son fameux boulevard où plus de 2400 étoiles de stars sont incrustées dans le trottoir.


Pour l’instant cette mégalopole ne nous passionne pas, trop étendue, pas de relief, pas de port( !!!) mais nous y laissons Hervé pour un peu plus de trois mois et qui sait au retour ? Nous finirons alors la visite de cet état par San Diego avant de longer la frontière mexicaine vers le Nouveau Mexique. Après environ 50000kms parcourus depuis la Floride il nous restera à peu près 4500 de plus avant de rejoindre « Retour de galbord »…